dimanche 27 novembre 2011

La troisième vengeance de Robert Poutifard de Jean-Claude Mourlevat


Robert Poutifard est enfin à la retraite! Après trente-sept années d'enseignement primaire, celui-ci va enfin pouvoir se venger, avec l'aide de sa mère, de trois élèves qui lui ont fait une vie infernale.


Voici le début du livre, que j'ai trouvé très drôle:

" Le 29 juin 1999 à 16h45, on donna une fête bien sympathique dans la salle des maîtres de la vieille école des Tilleuls. Robert Poutifard, maître des CM1, prenait sa retraite et ses collègues tinrent absolument à lui offrir un pot et un cadeau d'adieu.
Le premier à prendre la parole fut le directeur, M. Gendre, un petit homme sec et sévère. Il tapa dans ses mains pour obtenir le silence et commença ainsi:
- Cher Robert, permettez que je vous appelle Robert, votre nom restera à jamais lié à notre école puisque vous y avez passé... trente-sept années scolaires!
- En effet, murmura Poutifard entre ses dents afin que personne ne puisse l'entendre, trente-sept années de cauchemar...
- Vous n'avez jamais songé à partir, jamais songé à nous quitter...
- Oh si! Tous les soirs, figurez-vous, tous les soirs depuis trente-sept ans...
- Les anciens de l'établissement se rappellent encore le jeune enseignant dynamique et novateur qui, dès son arrivée...
- ... avait envie de repartir, acheva muettement Poutifard.
- A vos qualités de pédagogue, vous avez su adjoindre...
Déjà, Robert Poutifard n'entendait plus. Il arborait un sourire de circonstance et tâchait de faire bonne figure, mais sa tête était ailleurs et son regard s'enfuyait malgré lui vers le grand tilleul qui bruissait dans la cour de récréation, derrière la fenêtre ouverte.
- Plus qu'une heure, se disait-il. Plus que soixante petites minutes et nous y serons...
Il sursauta presque quand les applaudissements éclatèrent. Le directeur achevait son discours:
- ... aussi je l'avoue avec un peu d'émotion: vous nous manquerez, Robert. Et vous manquerez aux enfants...
- Mais je n'ai pas du tout l'intention de les abandonner! commenta Poutifard en silence.
Deux fillettes de CM1 s'avancèrent alors vers lui. La première lui remit un bouquet de fleurs presque aussi gros qu'elle.
- Je te remercie, il est magnifique! déclara Poutifard, je passe justement devant la benne à ordure en rentrant à la maison...
La seconde lut avec application un compliment préparé par la classe:
- Il nous a appris les mathématiques, l'orthographe et la botanique, toujours patient, toujours gentil...
- ... il a failli mourir d'ennui! compléta Poutifard.
- ... il nous a consacré sa vie, dit la petite. Monsieur Poutifard, merci beaucoup d'avoir tant travaillé pour nous. Même si passent mille années, nous ne vous oublierons jamais.
- Oh mais c'est charmant! s'exclama le directeur. Tout à fait charmant!
Toutes les personnes présentes applaudirent la fillette ravie qui exécuta une gracieuse révérence.
- Moi non plus je ne vous oublierai jamais, songea Poutifard. Faites-moi confiance...


Après avoir adoré les trois lectures proposées pour le cours de littérature jeunesse, j'ai décidé de faire durer le plaisir en entamant un quatrième livre de Jean-Claude Mourlevat. Je l'ai moins apprécié que les trois précédents. Ce livre était agréable à lire mais très enfantin; il est destiné à un public plus jeune que L'Enfant Océan et La rivière à l'envers.
Contrairement aux précédents romans, celui-ci m'a peu émue (à part la vengeance finale, lors de laquelle Poutifard apprend que sa dernière victime a un jeune frère condamné).
J'ai, par contre, beaucoup ri! J'imaginais l'instituteur primaire ne connaissant pas les tables de multiplication, vivant encore avec sa mère, devant se débrouiller pour quitter l'école tout nu (ses élèves ayant volé ses vêtements alors qu'il les faisait sécher), tenant un cahier de vengeance tel un enfant..

J'ai relevé un passage faisant allusion à La ballade de Cornebique à la page 77: "Les heures furent bien longues. Il fit les cent pas, feuilleta des magazines, essaya de commencer un roman pris dans la bibliothèque. Il y était question d'un certain Cornebique, victime d'un chagrin d'amour. Le livre lui tomba des mains." Lors de la lecture de La rivière à l'envers, j'avais également relevé un passage dans lequel Mourlevat faisait allusion à L'Enfant Océan.
Autre petit clin d'œil qui m'a fait sourire: une référence au groupe Metallica, que Mourlevat  appelle "Metalik Trash".

Un passage en particulier m'a interpellée: "Ca ne sait même pas chanter et ça devient vedette en trois jours! pesta sa mère. De mon temps, il fallait des années pour percer. Et de la voix! Aujourd'hui, elles piaulent dans un micro, on dirait des pintades qu'on égorge. Ah, Edith Piaf, c'était autre chose... Et ça gagne en six mois plus que toi en une vie..."
Je trouve ce passage véridique, surtout à l'heure actuelle, où les "stars" américaines formées par Disney connaissent un énorme succès (Miley Cirus, Serena Gomez, Victoria Justice...). 


Référence: La troisième vengeance de Robert Poutifard, Jean-Claude Mourlevat, Gallimard Jeunesse, Paris, 2004.

4 commentaires:

  1. Je suis bien d'accord avec toi Cécile. "La Troisième vengeance" n'a pas le brio des trois autres romans de notre auteur... Par contre si tu veux encore lire du Mourlevat (et si tu es certaine de ne pas faire une overdose!) je te conseille : "Le Combat d'hiver" et "Le chagrin du roi mort"... de petites perles...

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  2. Les différents passages (surtout celui sur les chanteuses actuelles !) mentionnés dans cet article me donnent envie de lire le livre ! :)
    Ton blog est léger et très agréable à parcourir, je reviendrai :p

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  3. Ce livre a l'air intéressant, je suis fan de Mourlevat depuis pas mal de temps et je trouve ça chouette que tu en ais voulu en savoir plus que ce qu'on a vu de lui en classe :)

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  4. Ta critique donne envie de le lire :-)

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